
Cédric Hermann nous offre dans son premier roman, En aller simple, une jolie histoire sur l’émancipation d’un jeune gay, fils d’ambassadeur, sans véritable aspérité.
Résumé
Thomas est fils d’ambassadeur. Il est seul. Il voyage tellement qu’il a appris à ne pas s’attacher. D’ailleurs, son passé reste dans des cartons qu’il ne prend plus la peine d’ouvrir. Ces boîtes ne sont pas classées par âge, ce qui pourrait se comprendre pour un terminal qui déménage tous les ans, mais par lieux où il a vécu et qu’il a fini par abandonner.
Il voudrait être entièrement détaché de tout, comme de ce Russell, ce garçon de son âge que sa mère lui met entre les jambes. Agité, il ne reste pas en place deux secondes – tout l’inverse de Thomas.
Thomas voudrait tout contrôler, comme sa mère, la reine de l’organisation, le fait dans sa vie. Grâce à elle, tous ces hobbys utilitaires, comme les cours d’escrime pour redresser le dos ou l’apprentissage de l’allemand, la première langue de la Confédération helvétique.
Mais le passé, c’est comme Russell, cet enfant turbulent, on ne le contrôle. Il revient par vague. Par tranche de souvenirs d’Akim, ce garçon qu’il a aimé à Beyrouth, qu’il voudrait oublier, mais dont l’image afflue chaque fois que son cœur se remet à battre.
D’ailleurs, malgré ses efforts pour l’euthanasier, ce cœur, il se rappelle à lui. Dès son premier cours d’allemand. Klaas se présente à lui. Dans sa chambre. Les cheveux en bataille. Les yeux bleus. L’amour insensé.
Démarre alors une lente hésitation à se rapprocher de lui, à s’ouvrir, à accepter d’aimer. Puis à assumer l’impossibilité d’un amour.
Qui est Cédric Hermann ?
Né en 1976, Cédric Hermann travaille dans la gestion d’entreprise. Il vit en Haute-Savoie où il aime consacrer son temps libre à la lecture et à l’écriture. En aller simple est son premier roman. Sorti en juin 2018, il reçoit le prix de la romance gay en 2019.
Comment est-il arrivé entre mes mains ?
J’ai eu la chance de croiser l’auteur lors de l’édition 2019 du Salon du livre gay de Paris. C’était ma première venue.
Je m’attendais à une immense fête dans un grand hall comme pour le salon du livre de Paris. Que nenni. Je me suis retrouvé dans la salle des fêtes de la mairie du 4e. Sur un immense U constitués par de nombreuses tables, se tenaient aux coudes à coudes les auteurs autopubliés, les maisons d’édition spécialisées dans la romance, l’érotisme ou le pornographique.
J’ai évolué parmi les tables, regrettant que la littérature gay soit limitée à ces genres. Soudain, parmi ces livres mal édités, la couverture de Cédric Hermann, ce joli Roux avec ce regard perdu a attrapé mon regard. J’ai lu la quatrième de couverture et je me suis dit : « pour une meilleure littérature gay… ». Je l’ai acheté.
Ce que j’en pense
J’ai lu ce roman pratiquement d’une traite. Le personnage m’a embarqué. Cette histoire classique entre le jeune homo est son précepteur a raisonné chez moi. Serait-ce la mère obsédée par l’organisation et l’orthorexie qui pourrait être moi ? Le déracinement ? La frustration et la peur d’agir ? Le besoin de savoir s’il se passera un jour quelque chose entre le jeune Thomas et Klaas ? Dans tous les cas, l’histoire m’a embarqué. J’ai non seulement tourné les pages aisément, mais j’ai voulu y retourner au plus vite.
Malheureusement, la fin m’a laissé un goût d’inachevé. Comme un repas trop équilibré, sans excès. Je l’ai refermé, déçu. Il me manquait quelque chose. J’avais cette déception qu’il ne s’agisse que d’une histoire d’amour impossible entre un fils de riche trop bien élevé qui s’ennuie et tombe amoureux de son professeur particulier.
Puis je me suis rappelé du précédent livre, parfaitement calibré, qui a fait couler beaucoup d’encre lors de cette dernière rentrée littéraire, mais m’a mortellement ennuyé. Alors je me suis dit, même si je ne reviendrai pas dans ce livre, ce fut un bel aller simple. Et parfois c’est largement suffisant.
Devez-vous lire ce livre ?
Si vous aimez les histoires d’amour simples et délicates, allez-y. Si vous avez besoin de vous détendre, entre un Houellebecq et un Giraudie, c’est idéal. Si vous cherchez un roman qui vous fasse comprendre le monde dans lequel vous vivez ou une histoire qui vous ravage, passez votre chemin.
Citation
Assis dans le bus, je me remémore chaque seconde. J’analyse ses gestes. Je traduis ses mots. En relisant le résumé du roman, je déduis qu’il y a un message caché. L’histoire évoque un garçon de 17 ans. À la rentrée des classes, Phil tombe amoureux d’un nouvel élève, Nicholas. Leur relation bouleversera la vie de Phil. Je cherche alors un signe qui me confirmerait que je lui plais. J’aurais pu extraire mon cerveau. J’aurais étudié chaque neurone. J’aurais disséqué ma mémoire, posé une équation et trouvé l’inconnue.
En aller simple, Cédric Hermann.
Où le trouver ?
En bibliothèque ou librairie, neuf ou d’occasion, numérique ou papier, avec les informations suivantes : En aller simple, Cédric Hermann, Éditions Cœur de Lune, 2018.
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