Romance

Boyfriend Material : quand Bridget Jones rencontre Red, White & Royal Blue

Pour composer le roman Boyfriend Material d’Alexis Hall :

  • mettez la maladresse et l’humour de Bridget Jones dans un shaker ;
  • ajoutez un personnage coincé et une histoire montée de toute pièce pour la presse à la Red, White & Royal Blue ;
  • secouez ;
  • dégustez cette romance comique douce amère.

L’intrigue

Luc O’Donnell a 28 ans. Il est le fils de deux vieilles rock star dont la séparation chaotique et médiatisée n’a rien à envier aux Fleetwood Mac. En tant que tel, il se trouve toujours sous le feu et les flashs des paparazzis qui trouvent leur compte dans les frasques nocturnes dans lesquelles se noie Luc pour oublier sa misère sentimentale… et financière.

En effet, malgré la célébrité de ses parents, l’abandon de son père (qu’il n’a jamais connu) et la fin de la carrière de sa mère ne l’ont pas mis à l’abri du besoin.

Hélas, la mauvaise presse qui l’entoure ne lui a permis d’obtenir qu’un seul boulot : celui de chercher de nouveaux donateurs pour financer la fondation pour la protection des coléoptères, seule organisation à avoir accepté de l’engager.

Malheureusement, voilà, sa dernière frasque (un grand malentendu) est celle de trop et son image de junkie gay accro au sexe et à la drogue risque de faire fuir les possibles donateurs. Sa patronne le contraint de rectifier son image publique, sinon il perd son travail.

C’est alors qu’un de ses collègues lui suggère de trouver un faux copain à l’image bien propre et lisse. Sa meilleure amie a une idée : Oliver Blackwood, son seul autre ami gay, avocat pénaliste. C’est une très mauvaise idée, d’autant qu’il déteste cet homme rigide et prétentieux, alors que lui est plutôt drôle et maladroit. Mais c’est la seule solution qu’il a…

C’est le début d’une fausse relation amoureuse. Fausse. Vraiment ?

Qui est Alexis Hall ?

Alexis Hall est un auteur britannique d’urban fantasy, de science-fiction et de romance M/M. Il a déjà signé presque une trentaine de romans, dont trois ont déjà été nominés au prix Lambda Literary qui récompense les œuvres en rapport avec le monde LGBT.

Comment a-t-il fini dans ma liseuse ?

Il m’a été vivement recommandé par Buck Jones écrivain et ami, avec qui j’anime la chaîne YouTube « Conversations roses » sur laquelle nous parlons littérature gay.

Mon avis

Boyfriend Material m’a beaucoup amusé et fait rire. Il est extrêmement drôle, bien écrit, bourré de références culturelles populaires que tout lecteur connaîtra : Harry Potter, Doctor Who, Avengers… Au-delà des références et des blagues dont il est rempli, beaucoup d’éléments du roman sont extrêmement drôles et malicieux, comme appeler CRAPP (merde en anglais) la fondation pour laquelle Luc travaille et qui se prend très au sérieux. Les situations sont également très comiques.

Même si certains personnages sont caricaturaux, j’ai trouvé qu’ils fonctionnaient très bien. Les « bouffons » ne m’ont jamais fait rire, mais cette fois-ci j’ai pris beaucoup de plaisir à les suivre.

Les deux héros, par ailleurs, rappellent ceux de Bridget Jones et Red, White & Royal Blue. Luc a la maladresse et le mal-être social de Bridget Jones. Son groupe d’amis ressemble à s’y méprendre à ceux de la jeune londonienne et la situation finale est un gros clin d’œil. Cet hommage est parfaitement assumé, puisque la meilleure amie s’appelle aussi Bridget et travaille dans l’édition (mais ne publie pas La Moto de Kafka). Oliver, quant à lui, ressemble au prince anglais du roman de Casey McQuiston, avec son air parfait, sa rigidité, sa maîtrise des règles sociales et son aspect prétentieux. Red, White & Royal Blue étant sorti à peine un an avant, il est peu probable qu’Alexis Hall ait eu son personnage en tête au moment de l’écrire, mais qui sait…

La romance suit le schéma classique du genre. Pourtant le roman ne m’a pas lassé avant la fin comme cela a pu m’arriver avec Red, White & Royal Blue ou Call Me By Your Name. Au contraire, Alexis Hall a trouvé des subterfuges narratifs pour maintenir l’attention jusqu’à la fin (je ne dévoilerai rien, mes amis).

Enfin, au-delà de la forme, j’ai beaucoup aimé la situation de départ : faire en sorte de redorer l’image de l’homosexuel décadent en passant pour un « bon gay » (sujet qui m’intéresse ô combien si vous avez suivi le déroulé de ma courte bibliographie).

Devez-vous lire ce livre ?

Si vous êtes anglophone, achetez-le ! Ce roman est un très bon divertissement, parfait pour déconnecter et faire une pause entre deux tomes de La Recherche. Si vous ne lisez pas la langue de Shakespeare, il vous faudra patienter…

Citation

Il fronce les sourcils. « Qu’est-ce qu’un bon gay ? »

« Quelqu’un comme toi. »

Boyfriend Material, Alexis Hall

Où le trouver ?

En bibliothèque ou librairie, neuf ou d’occasion, numérique ou papier, avec les informations suivantes : Boyfriend Material, Alexis Hall, Sourcebooks Casablanca, 2020.

Vous l’avez lu ?

Vous avez lu Boyfriend Material ? Vous avez autant ri que moi ? Été dépité ? Dites-moi tout en commentaire !

« Tuer le bon gay » d'Étienne Bompais-Pham, Prix du roman gay 2021 / Premier roman
About author

Étienne Bompais-Pham est l'auteur du roman Tuer le bon gay, paru aux Éditions Maïa et Prix du roman gay 2021, catégorie Premier roman. Il est également critique de romans gay pour la LGBThèque, mais aussi pour le podcast Homomicro et la revue littéraire L'Autre Rive.
Related posts
Romance

Afterlove, l'amour par-delà la mort

BDRomance

Elio : Ariel dans la tanière des cannibales

Romance

Paris-Londres : une romance sans prise de tête, le cul entre deux rives

Romance

Qui est vraiment Remy Cameron ? Exister sous les étiquettes

Newsletter

Abonnez-vous à notre liste de diffusion pour recevoir une fois par mois les dernières parution dans votre boîte mail.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.