
Dans Un coup d’un soir, Mathieu Bermann raconte son histoire avec Marin, un garçon sur lequel il a flashé sur Instagram, alors qu’il est lui-même en couple avec Sébastien. Il se dévoile entièrement pour le plus grand bonheur d’un lecteur voyeur. Dans le lit de Marin raconte quant à lui l’histoire qui englobe l’écriture du premier texte. Jouissif.
L’histoire
Le narrateur, qui nous laisse croire qu’il s’agit de l’auteur (mais est-ce bien vrai ?), est en couple depuis plusieurs années avec Sébastien, quand il rencontre, au gré des scrolls, Marin sur Instagram. Il était jusqu’alors habitué à aimer ses photos, mais là, il craque sur une de ses storys et lui envoie un message pour le lui déclarer. Chose surprenante : le narrateur aussi plaît à son apollon.
C’est le début d’une histoire impossible. Lui a trente-deux ans, Marin vingt. Lui habite à Bruxelles, Marin à Rennes. Lui est en couple, Marin un homme de principes. Jamais il ne briserait une histoire d’amour dont lui rêverait tant.
Un coup d’un soir, comme son titre le laisse entendre, ce n’est pas une histoire d’amour. C’est une promesse. Une nuit ensemble. C’est aussi l’espoir de faire mentir le titre.
Le roman est une forme de catharsis pour le narrateur qui ressent le besoin d’écrire sur Marin. Pourquoi en somme ? Pour conjurer son titre ? Pour avouer à son copain qu’il le trompe ? Pour transformer cette histoire en roman ? Pour faire prendre conscience à Marin de la profondeur de son désir ?
Dans le lit de Marin se passe après l’écriture du premier roman. Il raconte comment il tente de se retrouver à nouveau dans un lit avec Marin en lui présentant le roman qu’il a écrit sur lui. Est-ce une tentative de le manipuler ? N’abuse-t-il pas de lui et de la confiance qu’il lui a accordée en l’accueillant dans son lit… et sa vie ?
Ce deuxième récit s’interroge sur le consentement masculin et sur ce qui fait basculer un homme de principe en un homme de désir. Après #MeToo, tous les hommes sont-ils coupables ?
Qui est Mathieu Bermann ?
Né en 1986, Mathieu Bermann est agrégé de lettres modernes et docteur en littérature et langue française. Il est l’auteur à ce jour de trois romans : Amours sur mesure, Un état d’urgence et Un coup d’un soir.
Comment a-t-il fini sur ma table de chevet ?
Il a atterri dans ma pile à lire probablement grâce à un numéro de Têtu. Ou est-ce une newsletter qui l’a évoqué ? Quoi qu’il en soit, mon mari (toujours lui) l’a lu avant moi et m’a dit : voilà une histoire qui pourrait te plaire.
Mon avis
Mon mari ne s’y est pas trompé. Dès la première page, j’ai été accroché. Je me suis fait embarquer dans cette histoire simple et pourtant si complexe à vivre que partage parfaitement bien Mathieu Bermann. Je voulais savoir si les deux complices finiraient par se retrouver. Si le narrateur convaincrait Marin de le rejoindre à Bruxelles, Rouen, Rennes ou Paris.
La complexité de la vie selon l’âge est juste. À vingt ans, alors que la vie est simple, tout paraît compliqué. À trente, quand les responsabilités s’accumulent, on se crée sa simplicité.
J’ai tourné les pages avec l’empressement d’un voyeur qui veut que l’action se passe rapidement et que l’acteur sous nos yeux nous dévoile tout de ses frustrations, attentes, désirs et plaisirs. Le drame dans Un coup d’un soir est la redescente qui suit justement ce coup d’un soir. L’excitation est passée. Ce qui devait se produire s’est produit. Et maintenant ? C’est bien sûr une interrogation du narrateur, mais qu’il partage un peu trop au lecteur. Il m’a lassé à ce moment-là.
Le style, puisqu’il faut en parler, est plutôt complexe. Certaines phrases jouent tellement avec les mots et les constructions basées sur des répétitions que j’ai de nombreuses fois sauté des phrases sans essayer de comprendre ce que voulait nous dire l’auteur.
Dans le lit de Marin fait preuve d’une très bonne maîtrise du suspense. Dès la première page, on veut savoir ce qu’il s’est passé dans le lit de Marin. Malgré le plaisir non boudé que j’ai ressenti, deux points m’ont gêné. Le premier est l’histoire sur le livre que le narrateur veut écrire après Un coup d’un soir que je trouve inintéressant. Le second est la réflexion sur le non-consentement et la manière de faire en sorte qu’une personne qui en est coupable puisse se sentir innocent. Je sais que là réside le cœur de la réflexion du second texte, mais je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir une forme de malaise par rapport à la victime qui n’a rien demandé, peu importe les tergiversations du coupable.
Hormis ces points, j’ai adoré l’histoire sur la rédaction du roman, la présentation des différentes versions et l’attente de l’avis de Marin sur le texte.
À la fin, il me reste une dernière frustration : comment a réagi Sébastien, le copain du narrateur, à la sortie du roman ? Peut-être est-ce le cœur d’un troisième roman… je l’espère !
Devez-vous lire ce livre ?
Oui. C’est un livre qui se lit très bien et dans lequel nous pouvons tous nous reconnaître, dans la position du narrateur, de Marin ou de Sébastien. Sûr qu’après sa lecture, vous ne verrez plus votre moitié avec autant de sérénité quand vous le surprendrez sur Instagram !
Citation
Comme des imbéciles sûrs d’en être heureux, on s’obstinait néanmoins à vouloir se voir coûte que coûte.
Un coup d’un soir, Mathieu Bermann.
Où le trouver ?
En bibliothèque ou librairie, neuf ou d’occasion, numérique ou papier, avec les informations suivantes : Un coup d’un soir (suivi de) Dans le lit de Marin, Mathieu Bermann, P.O.L., 2019.
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