Avec son premier roman Le Garçon from L.A., Tadzio Alicante nous plonge dans une troublante obsession en temps de pandémie.
L’histoire
Une pandémie éclate dans le monde. Les gens tombent les uns après les autres. Pour arrêter la propagation de ce virus mortel, le gouvernement français décide de mettre en place un confinement généralisé. Un plan d’un soir que Jonathan fréquente depuis quelques mois propose à celui-ci de vivre ce moment ensemble plutôt que dans une violente solitude. Jonathan accepte.
De l’autre côté de l’Atlantique, Christian se retrouve sans emploi à cause de la pandémie. Il commence alors à brûler sa vie comme les joints qu’il enchaîne nuit et jour, de plus en plus souvent, sans contrôle. La désolation sanitaire est bien présente, mais seulement comme un paysage apocalyptique que personne ne veut voir. Alors qu’il s’enfonce tous les jours plus dans son tunnel sans fin, une lumière surgit : et s’il partait en France ?
Le Garçon from L.A., raconte comment ces deux atomes solitaires vont entrer en collision, comment ils vont vivre le choc et survivre à leurs obsessions.
Qui est Tadzio Alicante ?
Tadzio Alicante est un auteur gay français de trente ans. Après une formation en littérature, il commence à enseigner les Lettres modernes dans le Grand-Est.
Comment est-il arrivé sur ma liseuse ?
J’ai découvert ce livre et son auteur grâce à un post sur Twitter :
Inutile de vous dire qu’il a capté mon attention.
Mon avis
Le garçon from L.A. se lit extrêmement bien. Sans être du niveau ou du pointillisme dans ses descriptions d’un Arthur Dreyfus avec son Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui, les passages de sexe m’ont bien accroché (excité ?). Ce qui est intéressant dans ces scènes est le rapport au corps de Jonathan, se sentant (comme beaucoup) pas assez beau, trop petit, trop mince. Son corps est secoué dans tous les sens, presque violenté pour son propre plaisir, surtout face à Christian, californien très musclé.
Malgré la présence de ces scènes, il ne s’agit en rien d’un roman érotique ou pornographique. Le sujet du livre est bien l’obsession des personnages inhérents à leur être qui s’exacerbe par la mort qui rôde et les pousse à vivre leur vie au maximum. Il y a Jonathan qui se plonge dans le sexe, puis dans un homme qui représente tous les hommes de sa vie, et l’annihilation des émotions de Christian.
L’auteur est fan de La Mort à Venise. On le retrouve bien sûr dans le choix de son pseudonyme, mais aussi dans cette thématique de l’obsession en temps de pandémie. Nous ne sommes pas à Venise, mais dans la région parisienne, et Aschenbach n’a pas cinquante ans. Tadzio Alicante est également imprégné par Bret Easton Ellis et American Psycho qui donne le prénom du second personnage, et dont la fin est un clin d’œil.
Cette pandémie n’est pas sans en rappeler une autre que nous ne connaissons que trop bien. Pourtant il ne s’agit de Covid. Cela m’a un peu perturbé, d’autant qu’elle n’est pas nommée. Cependant, j’ai compris pourquoi l’auteur a fait ce choix : il fallait que la mort soit plus violente, plus visible pour accentuer le sentiment de panique et de fin du monde.
Enfin, même si le livre se lit très bien, le style m’a perturbé. Il me paraît hésiter entre le cru (présent notamment dans les scènes de sexe), le poétique et le langage soutenu qui transparaît ici ou là dans certaines constructions de phrase.
En somme, joli petit roman ancré dans son temps.
Devez-vous lire cette autofiction ?
Si vous voulez vous plonger dans une histoire ancrée dans son époque, avec des scènes explicites, oui. Si vous êtes plutôt stylisticien, ce roman ne comblera peut-être pas toutes vos attentes.
Citation
« Profite de la vie ! », etc.. Autant de fausses vérités, d’injonction au bonheur et au plaisir. Si moi, je n’ai pas envie d’aimer, de chanter, de danser, de vivre et de profiter de ma vie ? Je réclame le droit au malheur, à être aigri sans qu’on m’emmerde.
Le Garçon from L.A., Tadzio Alicante

Où le trouver ?
En bibliothèque ou librairie, neuf ou d’occasion, numérique ou papier, avec les informations suivantes : Le Garçon from L.A., Tadzio Alicante, Éditions Ex Æquo, 2022.
Vous l’avez lu ?
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Je ne l’ai pas encore lu mais cette critique m’en donne très envie de le faire 😜