Avec La Chambre de Giovanni, James Baldwin nous fait vivre l’homosexualité refoulée dans les années 1950 d’un Américain à Paris. Sombre et douloureux.
Résumé
La maison est en bordel. La propriétaire ne va pas tarder à passer pour l’état des lieux. David va quitter cette maison qu’il a louée dans le Sud de la France avec Hella, sa fiancée retournée seule aux États-Unis. Il ne va pas la retrouver.
Alors que les heures s’écoulent lentement dans cette maison désertée, David ne pense qu’à Giovanni. Dans quelques heures, il va être exécuté.
C’est le moment pour lui de refaire le point sur sa vie avec Giovanni, dans cette petite chambre qu’il a partagée avec lui à Paris et qui les ont conduits tous les deux à se retrouver seuls avec leur culpabilité.
Qui est James Baldwin ?
Né en 1924 à Harlem et mort en 1987 dans les Alpes-Maritime, James Arthur Baldwin est auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de théâtre et d’essais.
Frustré et attristé par les discriminations anti-noirs et James Baldwin quitte les États-Unis à 24 ans pour s’installer à Paris. De 1957 à 1970, il retourne aux États-Unis, pour se rapprocher de Medgar Evers, Malcom X et Martin Luther King.
Ses essais explorent les non-dits et les tensions sous-jacentes autour des distinctions raciales, sexuelles et de classe au sein des sociétés occidentales, en particulier dans l’Amérique du milieu du xxe siècle.
Comment a-t-il fini sur ma table de chevet ?
Il se trouvait déjà dans ma bibliothèque, apporté par mon mari. Je l’ai lu il y a quelques années et relu récemment pour m’y replonger avant de vous le présenter.
Mon avis
Ce roman est rude. Il expose sans explication la vie de David telle qu’il l’a ressentie à chaque étape. C’est au lecteur de combler les trous.
James Baldwin présente sans fard la réalité d’un homosexuel dans les années 1950 où la remise en question de sa propre sexualité ne se posait pas. Le personnage vit sa vie d’homme telle qu’elle doit se passer. En tant tel, il enfouit ses émotions… mais celles-ci finissent inévitablement par ressurgir.
La Chambre de Giovanni est l’histoire de deux condamnés : Giovanni qui va être exécuté dans quelques heures, et David qui est condamné à voir toutes ses relations mourir.
Le style est vraiment intéressant. L’histoire navigue entre le passé et le présent avec une parfaite fluidité. Je ne me suis jamais perdu dans la narration. James Baldwin maîtrise parfaitement la narration, en disant juste ce qu’il faut pour que nous comprenions tout.
Se plonger dans le Paris des années 1950 où Les Halles n’étaient pas encore un centre commercial fut aussi un délice pour le Parisien que je suis.
Cela étant, j’ai eu beaucoup de mal à lire ce roman, parce qu’il est sombre et n’épargne pas son lecteur. James Baldwin ne montre pas, il fait ressentir les tourments refoulés du personnage.
Devez-vous lire ce livre ?
Oui, car il fait partie des premiers romans qui montrent l’homosexualité telle qu’elle était en 1950. Cela dit, je vous conseille de le lire entre deux romances comiques : il est très déprimant.
Citation
« Tu crois, continua-t-il, que ma vie est honteuse parce que mes rencontres le sont. Et elles le sont. Mais tu devrais te demander pourquoi.
— Et… pourquoi ?
— Parce qu’elles sont sans affection et sans joie. C’est comme brancher un fil dans une prise sans courant. Il y a contact mais le courant ne passe pas. Pas de courant, pas de lumière.
La Chambre de Giovanni, James Baldwin

Où le trouver ?
En bibliothèque ou librairie, neuf ou d’occasion, numérique ou papier, avec les informations suivantes : La Chambre de Giovanni (ou Giovanni’s Room en VO), James Baldwin, Rivages, 1956 et 1997 pour la version française.
D’autres blogueurs en parlent
- Homo-libris : « souvent l’auteur a du mal à suivre le fil de sa narration, et il se perd dans des méandres qui n’en finissent pas et dont il a beaucoup de mal à se sortir » ;
- Le Dévorateur : « Je me suis passionné pour cette histoire d’amour entre David et Giovanni. »
- Mes belles lectures : « Un roman troublant, non pas du fait du thème, mais surtout du fait du témoignage de la période. »
Vous l’avez vu ? Qu’en pensez-vous ? Plutôt difficile à lire comme Martial d’Homo-libris ou passionné comme Florian le dévorateur ? Dites-moi tout en commentaire.
Livre recensé dans Une bibliothèque gay idéale, Dictionnaire critique et quasi exhaustif de la littérature gay disponible en langue française, de Thierry Goguel d’Allondans et Michaël Choffat, qui m’a aidé dans la rédaction de la notice sur James Baldwin.